Jean-François Bauduret une carrière au service de la santé mentale
En sa qualité de Haut fonctionnaire, Jean-François Bauduret a œuvré à plusieurs des grandes orientations en santé mentale intervenues au cours de sa longue carrière.
A la fois homme de terrain et homme de cabinet et d’écriture. Il a également, entre autres responsabilités, assuré un enseignement à l’IEP Paris (Sciences Po).
Sa vie professionnelle l’a porté dans plusieurs grandes institutions, à des postes décisifs.
A la Direction Générale de la Santé, où il fut Chef du Bureau de la psychiatrie à partir de 1983
Il est le grand artisan de la loi du 31 décembre 1985 légalisant le secteur psychiatrique, des décrets et circulaire du 14 mars 1986. Ces derniers constituent une synthèse qui reste une référence sur les objectifs et les outils de la psychiatrie de secteur
Au cabinet de Claude Evin Ministre de la santé
Jean-François Bauduret est l’un des plus proches collaborateurs de Gérard Vincent, Directeur des hôpitaux au début des années 1990, avec Pierre Gauthier qu’il rejoindra à Direction Générale de l’Action Sociale (DGAS), lorsque celui-ci en sera nommé Directeur Général. Ainsi travaille-t-il
- à la circulaire du 14 mars 1990 précisant la politique de santé mentale,
- A la Loi du 27 juin 1990 sur les conditions d’hospitalisation en psychiatrie, qu’il porte devant le Sénat avec Claude Evin
A la Direction générale de l’Action Sociale (DGAS)
- Jean-François Bauduret a été l’un des artisans et rédacteurs principaux de la Loi du 2 janvier 2002
Celle-ci a renouvelé complètement la philosophie du secteur médico-social et promu la reconnaissance du droit des usagers.
- il a également contribué à l’élaboration du plan autisme. « L’appel à projet était ouvert au sanitaire comme au médico-social, dit J-F Bauduret, mais seul le secteur médico-social a fait parvenir des projets. Dommage »
A la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie)
J-F Bauduret en est le Directeur adjoint avant de prendre sa retraite.
Il travaille à la reconnaissance du handicap psychique et sa prise en compte par la CNSA
Un grand témoin et acteur des évolutions des champs sanitaire, social et médicosocial
La riche carrière de Jean-François Bauduret fait de lui un grand connaisseur des différents rapports d’experts qui ont influencé, plus ou moins, les débats et les orientations de la psychiatrie. Citons ainsi, les nombreux rapports d’experts, Demay, (1983), Zambrowsky (1989), Piel-Roelandt (2001), Cléry-Melin-Kovess-Pascal (2003), Massé (2008), Couty (2013), etc.
Il souligne qu’on a raison « d’observer qu’aucune discipline hospitalière n’a fait l’objet d’autant de rapports, de réflexions, de propositions… ». Certes, « les rapports se succèdent, les résistances aux changements perdurent … ». Cependant, pense-t-il, il serait « injuste de dire que la profusion des rapports n’a servi à rien”.
Ainsi par exemple le rapport Demay est-il sous-jacent aux réformes de 1985 et 1986 ; le rapport Zambowski à celles de 1990. Quant au rapport Massé, J-F Bauduret le trouve « génial », parce qu’il « analysait les résistances au changement et proposait un processus de transformation. […]. Gérard Massé, dit-il “a accompli là un immense travail de concertation, d’analyse et de reconstruction, en écossant les discours convenus de leur gangue corporatiste, pour ne conserver que des propositions fortes et pragmatiques servant l’intérêt général ».
Une grande fierté : la Loi du 2 janvier 2002
Malgré son intérêt constant pour la psychiatrie au cours de sa carrière, l’une des grandes fiertés de Jean-François Bauduret reste cependant sa contribution à la Loi du 2 janvier 2002.
Il a tenu à décrire de l’intérieur la longue construction de ce texte « rénovant l’action sociale et médico-sociale ». Ce texte fut finalement voté « à l’unanimité et dans les mêmes termes par l’Assemblée Nationale et par le Sénat ». Le désir de faire connaître ce processus est à l’origine d’un livre co-signé avec Marcel Jaeger, « Rénover l’action sociale et médico-sociale », aux Editions Dunod
Acteur des transformations des champs sanitaires, social et médico-social, J-F. Bauduret dénonce les clivages persistants
« Le clivage entre le sanitaire et le social n’a strictement aucun sens ! Toute personne dont le handicap résulte d’une affection psychique très invalidante a droit à un accompagnement adapté, à la fois héritier du sanitaire, du social et du médico-social, faisant appel, successivement ou conjointement, à des prestations multiples correspondant à son état et à ses besoins. »
La vie professionnelle de Jean-François Bauduret est une vie au service de la santé mentale. Et une ambition à la fois humaine et technique en faveur des personnes porteuses d’un handicap.
Source
Dossier de la revue Pratiques en Santé Mentale, N° 4, 2009, Un parcours singulier en santé mentale, 25 ans de politiques de santé mentale à propos et autour de Jean-François Bauduret
En particulier, voir les chapitres :
- Sommaire, par Bernard Durand
- Interview de J-F. Bauduret, par Bernard Durand
Deux livres de référence
Bauduret, J-F, Jaeger, M. « Rénover l’action sociale et médico-sociale- Histoire d’une refondation », 2005, Dunod Ed.
Bauduret, J-F. « Institutions sociales et médico-sociales, De la l’esprit des lois à la transformation des pratiques », avec une préface de P. Gauthier, Dunod Ed. 2017
Dans Psyway
L’invention du secteur selon Philippe Paumelle, par Jean-François Bauduret
Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques