Le Guide Prévention et Soins (GPS) : prévenir les rechutes en psychiatrie
Une personne en soins psychiques peut établir un Guide de Prévention et de Soins (GPS) pour prévenir les rechutes de ses troubles et améliorer leur traitement.
Le guide « mon GPS », Prévention et Soins en psychiatrie permet également d’exprimer ses souhaits en matière de soins si une nouvelle hospitalisation devait intervenir.
« Mon GPS » aide les personnes en soins psychiques à mieux définir leurs troubles, ce qui favorise leur traitement précoce et si possible l’évitement des rechutes.
Ainsi, comme la COP-U présentée par Psyway, c’est un outil d’accompagnement, plus souple, plus maniable, plus proche de la relation thérapeutique que les lourds protocoles d’éducation thérapeutique que nous avons rencontrés parfois.
Le second aspect de ce guide est remarquable. En cas de ré-hospitalisation, qu’est-ce que la personne en soins souhaiterait qu’on fasse ou ne fasse pas pour elle, et de quelle façon ? Le Guide consigne les volontés bien réfléchies que le patient a formulées alors qu’il n’était pas en crise.
Le site Psycom présente le « Kit GPS ». Celui-ci comporte trois notices, téléchargeables et gratuites, destinées à la personne en soins, aux aidants, aux professionnels.
La notice à l’usage du patient est le document central
Il est souhaitable qu’il l’utilise en collaboration avec une personne en qui il a confiance (aidant, soignant). Il est préférable qu’il le remplisse lorsque son état est stable.
Nous ne pouvons ici qu’évoquer quelques rubriques de cette notice-patient
- « Je me connais », détaille de nombreuses caractéristiques des troubles, quand la personne va bien ou quand elle ne va pas bien.
- Une bonne connaissance du traitement médicamenteux complètera ce bilan (effets positifs ou indésirables détaillés) ; on note également les interventions diverses qui aident ou au contraire n’aident pas, notamment en cours d’hospitalisation.
Plusieurs rubriques incitent la personne en soins à prévoir des situations de reprise des troubles
- Désignation précise des personnes ressources (entourage, curateur, professionnels)
- Recours possibles en cas de mal-être, mesures à prendre pour éviter une hospitalisation. Et si ça ne va vraiment pas, les numéros de téléphones précis qu’on peut composer (CMP, urgences d’un hôpital, 112).
- A un degré de plus, le GPS invite la personne en soins à donner des exemples de ce qu’elle souhaiterait en cas de ré-hospitalisation. Quel serait le rôle des personnes de soutien, les gestes qui calment, les habitudes hospitalières qui agacent ou qui apaisent, etc.
Ce bilan évoque enfin le cas où une hospitalisation est vraiment nécessaire alors que la personne en soins s’y oppose
Que tient-elle particulièrement à voir respecter ? Les accompagnants habituels du patient, ou une personne de confiance au sens de la Loi nommée dans le GPS, peuvent aider, le cas échéant au respect des droits. Cependant, le document indique que « mon GPS » « n’a pas de caractère légal et ne peut pas entraîner d’obligation ».
Le patient signe cette notice avec la personne qui l’a aidé à le remplir. Il peut souhaiter qu’elle figure dans son dossier médical. Il peut vouloir en informer d’autres personnes, afin que ce guide de directives anticipées soit utilisé au mieux le cas échéant..
Le guide est accompagné d’un « mémo » construit « par des personnes vivant avec des troubles psychiques, lors des groupes de construction de « mon GPS ». Il souligne l’importance d’une attention à la santé personnelle : rester entouré·e, dormir, respecter la prise du traitement, etc.
Comme on le voit ce bilan nécessite une réflexion approfondie du patient et de son entourage sur le parcours de soins
Ainsi, les initiateurs de ce guide « mon GPS » soulignent à juste titre sa dimension d’éducation thérapeutique et d’empowerment
Cependant, comme nous l’avons souligné, il nous semble que le GPS, comme la COP-U présentée par Psyway, est un outil d’accompagnement plus proche de la relation thérapeutique, et à cet égard plus intéressant que les lourds protocoles d’éducation thérapeutique que nous avons rencontrés.
Quant à sa vocation éthique, essentielle, elle valorise une alliance thérapeutique de haut niveau, dont nous savons qu’elle est souvent difficile à obtenir. En effet, les souhaits du patient et de son entourage, les positions des divers professionnels de l’hôpital et hors hôpital ne convergent parfois qu’après un long travail d’élaboration. Nous ne pouvons qu’admirer et encourager ce travail patient et difficile. Il renoue d’ailleurs avec certains principes essentiels formulés par les fondateurs du secteur. Mais que reste-t-il de ces principes de coopération en bien des endroits ?
Références
- « mon GPS », Prévention et Soins en psychiatrie a été élaboré par Marie Condemine et Ofelia Lopez Hernandez (psychologues, Association PRISM), en partenariat avec Psycom, des personnes vivant avec des troubles psychiques, des proches et des professionnels de la santé et du social, et de nombreux participants. Le Guide « mon GPS » est une marque déposée ; Il bénéficie d’importants soutiens et récompenses.
- Des explications complètes, une courte vidéo de présentation, des références complètes sont consultables et/ou téléchargeables sur le site Psycom https://www.psycom.org/agir/la-defense-des-droits/kit-mon-gps/. Le kit pédagogique « mon GPS » est téléchargeable à la même adresse
Dans Psyway
Nous retrouvons des préoccupations très proches de celles qu’exprime « mon GPS » dans de nombreuses sections du site Psyway.
Citons ici
Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques