Prise de poids avec les médicaments psychotropes : que faire ?
Une prise de poids est souvent observée avec la prise prolongée de médicaments du psychisme. Comment y faire face ?
La prise de poids avec les médicaments psychotropes n’est pas toujours une fatalité. Mais éviter cet inconvénient demande quelques efforts prolongés. Ainsi, malgré la période difficile qu’on traverse, il faut éviter de se laisser aller au pessimisme, à l’inaction, au renoncement et au fatalisme qui sont de mauvais conseillers. Il n’est jamais trop tard. En effet, votre estime de vous mêmes en dépend.
De même, on n’oubliera pas d’évoquer cette problématique avec le médecin qui vous suit et qui vous prescrit. Peut-être, un déplacement vers un autre médicament de la même catégorie peut-il bien améliorer votre problème. Cependant, il ne faut pas mettre en péril votre équilibre actuel acquis grâce a votre traitement.
Quels sont les médicaments psychotropes qui font prendre du poids ?
Les antipsychotiques : par ordre de fréquence et d’importance de la prise de poids :
- la clozapine (Leponex ®)
- la quétiapine ( Xeroquel ®)
- l’olanzapine (Zyprexa ®)
- la risperidone (Risperdal ®)
- l’aripiprazole (Abilify ®)
- ensuite, dans les neuroleptiques plus anciens, le cyamémazine (Tercian ®), le lévromépromazine (Nozinan ®), le chlorpromazine (Largactil ®) entrainent souvent des prises de poids importantes.
Les thymorégulateurs :
- le lithium (Teralithe ®)
- l’acide valproïque (Depakote ®)
- par contre, la lamotrigine est parmi les thymorégulateurs le moins susceptible de faire grossir
Les antidépresseurs au long cours:
- la mirtazapine (Norset ®)
- l’amitryptiline (Laroxyl ®)
- la clomipramine (Anafranil ®)
Cependant, c’est beaucoup moins le cas ou à un moindre degré avec la « nouvelle génération » (dits IRS et IRSNA) qui sont maintenant les plus prescrits :
- la fluoxétine (Prozac ®) surtout
- le citalopram (Seropram ®)
- l’escitalopram (Seroplex ®)
- la sertraline (Zoloft ®)
- cependant, la paroxétine (Deroxat ®) est plus souvent en cause dans une prise de poids
Grossir le moins possible quand un médicament est nécessaire ?
- D’abord, surveiller son poids : toutes les 4 semaines, puis de façon trimestrielle.
- Ensuite, équilibrer son alimentation et résister aux besoins compulsifs de sucré
- Surveiller son périmètre abdominal et son indice de masse corporelle
- Demander aussi un bilan biologique lipidique et glycémique: au début, à 12 semaines, puis tous les ans.
- Notez qu’une prise de poids rapide dans le premier mois laisse prévoir une prise de poids importante à 1 an.
- Discuter d’un changement de médicament avec votre médecin
La gestion de la prise de poids ne doit pas être centrée uniquement sur le traitement.
Elle doit être globale :
- Des recommandations hygiéno-diététiques : dès le début du traitement, éviter les sodas mais aussi toutes les boissons sucrées et l’alcool (de l’eau additionnée d’un peu de jus de citron, de l’eau pétillante feront l’affaire)
- pratiquer tous les jours un exercice physique même modeste (marche) mais quotidiennement. On y prend goût et cela devient indispensable : tant mieux.
- se faire aider pour la régularité par une montre connectée qui comptabilise le nombre de pas effectués tous les jours. En effet, ce repérage quotidien devient une bonne habitude et un guide. En conséquence, il incite à faire plus d’exercice. C’est un conditionnement accepté. De plus, en renseignant l’appli liée à ce dispositif, vous pouvez aussi obtenir par mail, un bilan hebdomadaire (voir la montre connectée Move ou Fitbit).
- Progressivement, atteindre les fameux 10000 pas par jour fait dorénavant partie de votre traitement.
- utiliser une appli spécialisée dans les troubles alimentaires
- Demander conseil au psychiatre, au généraliste, éventuellement être accompagné par un spécialiste de la nutrition.
Surtout, un changement de médicament peut être discuté avec le médecin si la prise de poids est excessive (>7%).
La prise de poids peut être causées par des fringales fréquentes voire régulières, surtout le soir et surtout sucrées : des conseils
- dans l’immédiat : la pomme, le verre d’eau gonflent votre estomac et diminuent, en quelques minutes, le besoin de manger compulsivement. Mais aussi le yaourt nature avec quelques oléagineux (amandes, noisettes..), les crèmes hyperprotéinées (Skyr). Une tasse de café coupe l’appétit.
- dans vos habitudes alimentaires: mangez à heures fixes et plutôt lentement. Sans sauter de repas pour compenser une prise alimentaire excessive. A distance de la télévision ou de l’ordinateur qui vous font absorber trop d’aliments de façon machinale donc en quantités inutiles. Consommez les légumes et/ou la salade en début de repas. Afin de remplir votre estomac et de couper la faim.
- prévoyez et préparez des collations réfléchies : fruit peu sucré, yaourt nature ou fromage blanc, tranche de jambon ou oeuf dur
- accordez vous un sommeil régulier car c’est dans le sommeil que se règle l’équilibre hormonal leptine/ghréline qui vous protège des fringales.
Sources :
« Prise de poids et psychotropes – prévention et accompagnement » Pr S. Guillaume – Département d’Urgence et Post Urgence Psychiatrique, INSERM U1061, CHU et Université de Montpellier Paru sur Santélog.com
La perte de poids est possible, antipsychotiques ou pas : « les personnes sous antidépresseurs et antipsychotiques qui participent à un programme de gestion du poids peuvent perdre du poids.… Grâce à différents types d’interventions sur le mode de vie »
Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques
4 Commentaire
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Bonjour,
une amie est en grande souffrance, enlisée dans une dépression sévère persistante (même résistante d’après son psy), qui s’accompagne notamment d’anxiété top niveau, de crises de panique et agoraphobie.
PERSONNE n’a de solution à proposer:
marcher? elle ne peut même plus sortir de chez elle;
règles hygiéno-diététiques? elle ne mange quasiment que des légumes, et surtout lutte contre les accès compulsifs de sucré/salé/gras.
Des solutions? Aucune à ce jour.
Si ce n’est tenir, le temps d’obtenir que son traitement montre des signes d’efficacité, qu’elle puisse sortir de sa »coquille », espérer reprendre le cour d’une vie, avec des dizaines de kg à trainer….
La réalité est TRÈS loin d’être aussi simple…
Bonjour Zoé,
D’après votre description, votre amie présente un grave dépression qui a même été qualifiée de résistante par son médecin.
D’abord il est important que son entourage soit présent comme vous le faites et l’encourage.
Si le ou les traitements engagés apparemment depuis un certain temps ne sont pas suffisamment efficace, il faudrait envisager une hospitalisation. D’une part pour mettre en oeuvre des traitements médicamenteux plus puissant, pour l’entourer de soins psychothérapiques de façon constante, et surtout pour l’aider dans son problème de prise de poids avec le concours d’une dététitiene et un programme de coaching corporel.
Les dépression résistantes sont très difficile à soigner et demande le concours de professionnels.
Bien cordialement
Docteur Marc Hayat pour l’équipe de psyway.
Bonjour docteur
Grande sportive je suis sous abilify et j’ai pris cinq kilos en un mois. J’ai déjà un lourd passif d anorexique . Vous pensez que mon psy peut changer de médicament ? J’ai beaucoup d autres effets secondaires très indésirables qui me rendent le sport impossible désormais . J en suis affligée
Merci infiniment
Bonjour Kam, il est difficile de vous répondre, puisque je ne sais rien des troubles qui ont été à l’origine de cette prescription. En règle, l’Aripiprazole est le médicament de sa catégorie qui occasionne le moins de prise de poids. Mais cela arrive quand même. Donc voir avec votre psychiatre si vous ne pouvez pas avoir recours à une autre catégorie de médicaments. Si tel est le cas, il faut voir quelle est la dose minimale qui vous convient (effet thérapeutique et effet secondaire). Éventuellement avoir recours, en substitution, à de l’Haldol à très petite dose.
De toute façon, surveillez votre alimentation et prenez garde aux fringales alimentaires qui peuvent vous entraîner à des consommations excessives de sucre et de gras.
Et continuer, au rythme et sur le mode qui vous convient, votre activité physique, même a minima. C’est important.
Bien cordialement