En France, le nombre annuel de personnes hospitalisées en psychiatrie était de 340.000 adultes en 2018. Parmi elles 82.000 personnes étaient hospitalisées sans consentement.
Rechutes et les ré-hospitalisations en psychiatrie sont un véritable enjeu de santé publique. Parmi les séjours hospitaliers en psychiatrie, nombreux sont ceux qui correspondent à des ré-hospitalisations souvent sous contrainte. Il s’agit probablement de rechutes. Ce phénomène apparait dans les données d’activité des centres hospitaliers. Quand elles permettent de distinguer les premières hospitalisations des suivantes. Par exemple, un hôpital de la région Ile de France présentait en 2018 une file active de 2217 personnes hospitalisées pour 3951 séjours. Il apparaît que près de 45% des séjours correspondaient à une ré-hospitalisation.
De nombreuses études font état de la fréquence des rechutes dans la prise en charge en psychiatrie. On admet généralement qu’après un premier épisode psychotique, plus d’1 patient sur 2 rechute dans l’année. Et 8 sur 10 rechutent dans un délai de 2 ans. On constate que, le plus souvent, il y a eu une interruption du traitement.
Les facteurs favorisant les rechutes et les ré-hospitalisations sont :
- l’interruption ou la prise inadéquate des traitements médicamenteux : c’est le facteur le plus fréquent à l’origine des rechutes
- le défaut de planification des soins après la sortie d’hospitalisation
- la rareté des contacts avec l’équipe soignante de secteur
- un stress majeur, l’épuisement physique
- la consommation de toxiques notamment de cannabis
Conséquences des rechutes et des ré-hospitalisations sur le coût des soins.
Ce phénomène impacte l’organisation et les budgets hospitaliers. En effet, ils sont particulièrement affectés par le nombre des ré-hospitalisations et par la durée des séjours. En 2010, une étude montrait que pour » un coût médian de prise en charge annuelle d’un patient schizophrène de 10065 €… la prise en charge hospitalière représentait 84 % du coût annuel ».
Dans le cas de la schizophrénie, on estime que la rechute multiplie par 4 le coût de la maladie du fait du coût de l’hospitalisation (note 3).
Les rechutes et le délai d’instauration d’un traitement régulier sont une perte de chance pour les patients
Il est maintenant reconnu, dans la littérature internationale, que le pronostic à long terme des troubles psychiatriques sévères (schizophrénie et bipolarité) dépend de la précocité du diagnostic. Mais aussi de la rapidité de mise en œuvre des mesures thérapeutiques de tous ordres. Or, le retard français en matière d’intervention précoce, par rapport à des expériences étrangères, apparait à de nombreux auteurs français.
Aussi, renforcer l’attention aux patients à la sortie d’une période d’hospitalisation est une priorité. Intervenir de manière précoce devrait réduire la répétition et la durée des épisodes pathologiques et des ré-hospitalisations.
En raison de la fréquence des rechutes dans la première année, l’un des premiers enjeux du suivi rapproché à la sortie d’hospitalisation est de permettre un dépistage et un traitement précoce des recrudescences pathologiques. Il faut éviter que celles-ci ne conduisent à une rechute avec retour à l’hôpital.
Sécuriser la sortie pour éviter rechutes et ré-hospitalisations
Dès lors la question demeure posée d’une amélioration de l’organisation du système de soins à la sortie de l’hospitalisation psychiatrique visant à limiter la survenue des rechutes et ré-hospitalisations.
La sortie de l’hôpital est souvent un moment de rupture, propice au désengagement préjudiciable des soins. Cette rupture de soins a été évaluée dans certaines études. 50% des patients sortant d’une première hospitalisation en psychiatrie ne se présentent pas à un premier rendez-vous, si un suivi spécifique n’est pas mis en place. (Ref 4).
En effet, bien qu’elle soit souvent demandée avec insistance par le patient, la sortie est en réalité un moment de vulnérabilité.
- La conscience des conflits qui ont conduit à l’hospitalisation peut être incertaine.
- Le retour à la vie familiale et éventuellement professionnelle apporte son lot de tensions alors que l’équilibre psychique est encore précaire.
- Le traitement médicamenteux, mis au point pendant la période hospitalière, n’est pas toujours correct lors du retour chez soi.
L’instauration du suivi à la sortie de l’hôpital doit être rapide
Dans la psychiatrie publique, le rôle des Centres Médico-Psychologiques (CMP) est d’assurer la mise en place d’un suivi en amont et en aval de l’hospitalisation. Cependant, du fait de files actives très importantes, tous les CMP ne sont pas en mesure de proposer rapidement un premier rendez-vous au sortir d’une hospitalisation.
Ainsi, selon une enquête de l’ARS de 2015 sur le fonctionnement des CMP, le délai d’attente moyen, lors de la demande d’un rendez-vous est de 21 jours en psychiatrie adulte. De plus, le rendez-vous proposé n’aura pas forcément lieu avec un psychiatre. Moins d’un CMP sur deux déclare un délai de rendez-vous de moins d’un mois. Le délai moyen déclaré pour obtenir un rendez-vous avec un médecin serait de près de 82 jours. Ainsi, près de 2 CMP sur 10 déclarent des délais de premier rendez-vous avec un médecin supérieur à 6 mois ».(Ref 5)
Tenant compte de ces réalités, Psyway propose un dispositif qui serait un véritable accompagnement médico-psychologique à la sortie d’hospitalisation. Il s’agirait de sécuriser la sortie immédiate du patient, et de renforcer la coordination entre le service hospitalier de sortie et le suivi ambulatoire en laissant à celui-ci le temps nécessaire pour qu’il s’installe solidement.
Bibliographie
Ref 1 : In Raymondet P., Impact clinique des rechutes dans la schizophrénies–stratégie de prescription, L’ l’information psychiatrique, vol84, N°10, décembre 2008
Ref 2 : Corruble E., Hardy P., Observance du traitement en psychiatrie, Enc. Médico Chir, Elsevier, Paris, 37-960-A-60, 2003, page 5
Ref 3 : Baseilhac E., Coût de la rechute dans la schizophrénie, in L’information psychiatrique, vol 10 – décembre 2008
Ref 4 : Conus P., Polari A., Bonsack C., intervention dans la phase précoce des troubles psychotiques : objectifs et organisation du programme TIPP à Lausanne, in L’information Psychiatrique 2010/2, Vol 86, p 145 à 151. Ce risque de « désengagement » se ramene à 5% dans son expérience.
Ref 5 : Enquête réalisée par l’Agence Régionale de Santé Rhône-Alpes sur les Centres médico- psychologiques en 2015. L’enquête a concerné 318 CMP rattachés à 20 établissements soit plus de 98 % des CMP de la région.lis