Sommeil et rechute dans les schizophrénies
Des perturbations du sommeil habituel peuvent annoncer une rechute dans les schizophrénies, ou une crise dans le cours de la maladie.
Le patient lui-même, son entourage, le médecin doivent donc être très attentifs à la qualité du sommeil en cas de trouble schizophrénique.
Les troubles du sommeil en cas de rechute sont connus depuis longtemps dans les schizophrénies.
Mais on en sait davantage aujourd’hui : on sait que des perturbations du sommeil sont très fréquentes dans les schizophrénies même en dehors des moments de crise. Elles ne sont pas ressenties par le dormeur ; il n’existe pas alors d’insomnie. Cependant, différents items qui caractérisent une nuit de sommeil sont modifiés. Ce sont des analyses spécialisées réalisées en centre du sommeil qui peuvent repérer cela.
- Le délai d’endormissement augmenté (temps entre le moment du coucher avec l’intention de dormir et le moment du premier sommeil).
- Le sommeil est un peu haché, à cause de moments d’éveil nombreux : on dit que la durée des éveils nocturnes augmente. Ces éveils la nuit ne sont pas toujours conscients le matin au réveil.
- Le temps total passé à dormir est diminué,
- L’efficacité du sommeil diminue, c’est-à-dire le temps de sommeil réel par rapport au temps passé au lit.
Les troubles du sommeil et les rechutes des schizophrénies
Les modifications dont nous venons de parler peuvent rester inapparentes et stables.
Mais elles peuvent s’accentuer, ou apparaître et devenir manifestes alors que ce n’était pas le cas auparavant. Il existe alors une insomnie. Le malade présente une difficulté à trouver le sommeil et à rester endormi, des réveils fréquents, un réveil matinal précoce. Il peut devenir fatigué ou somnolent dans la journée.
Ils peut s’agir alors des premiers signes d’une crise dans la maladie, ou d’une rechute. L’insomnie peut devenir très intense : insomnie totale, agitation nocturne, inversion du rythme jour-nuit, journée passée au lit sans dormir…
Que devient le sommeil en cas de trouble schizophrénique sous traitement après une crise ou une rechute
Les symptômes d’insomnie qui étaient devenus évidents tendent à se corriger sous l’effet des médicaments antipsychotiques., mais les quatre composantes du sommeil habituel ne se restaurent pas toujours de façon complète.
Lorsque les symptômes de schizophrénie sont stables sous traitement pharmacologique, les patients rapportent souvent
- Qu’il leur faut plus de temps pour s’endormir
- Qu’ils se couchent plus tôt et se lèvent plus tard
- Qu’ils passent plus de temps au lit et font plus de siestes comparativement à des sujets non malades et sans traitement.
La persistance d’une insomnie en cours de traitement est un signe d’instabilité et doit conduire à la prudence quant aux diminutions de traitement.
L’arrêt brusque du traitement est l’une des causes les plus fréquentes de rechute. Dans ce cas, les désordres du sommeil sont souvent sévères.
Le ressenti des troubles du sommeil et les objets connectés
Comme nous l’avons vu, les modifications du sommeil peuvent exister et cependant ne pas être ressenties comme une gêne parce qu’elles sont très discrètes. L’ accentuation progressive de ces modifications du sommeil peut ne pas être ressentie par le patient porteur d’un trouble schizophrénique ou par son entourage. Il est pourtant très important de repérer cette accentuation, dans la mesure où cela peut annoncer l’imminence d’une rechute.
On doit connaitre l’existence, actuellement, de certains objets connectés: c’est le cas des montres connectées qui analysent le sommeil. En effet, cette analyse permet de connaître par soi-même, avec une bonne précision, les items qu’analysent les laboratoires de sommeil : heures d’endormissement et de de réveil, durée totale de sommeil, durée des éveils nocturnes, efficacité du sommeil. Cela permet une autosurveillance du sommeil, et de dépister par soi-même des perturbations qui sont en train de s’installer avant qu’elles ne soient ressenties comme une souffrance et une véritable insomnie.
Il faut alors sans plus tarder consulter son médecin ou psychiatre de référence, notamment pour voir s’il est nécessaire de réajuster un traitement médicamenteux, ce qui est souvent le cas. Cela permet un traitement précoce préventif d’une rechute. Il faudra examiner également la nécessité de résoudre certaines tensions de vie quotidienne, de prévoir un meilleur accompagnement psychothérapeutique, etc.
Remarque
Des troubles du sommeil sont présents dans de nombreux troubles psychiques, et pas seulement dans les schizophrénies (angoisse, dépression, troubles bipolaires, etc…).
On doit évaluer les troubles du sommeil en fonction du sommeil habituel et de la situation de vie. En effet, il existe des variations importantes dans la façon de dormir. Certaines personnes dorment peu (court-dormeurs) ; d’autres ont besoin d’un long sommeil (long-dormeurs); certaines personnes se couchent tôt, d’autres beaucoup plus tard, etc. Une montre connectée permet de mieux connaître les paramètres de son propre sommeil en dehors d’un moment difficile de stress ou d’anxiété excessive.
Dans Psyway
Dispositifs et applis de l’activité de sommeil
Dormir pour l’équilibre somato-psychique
Bibliographie sommeil et schizophrénie
Delbrouk P (2004) Sommeil et schizophrénie, Act. Méd. Int. – Psychiatrie (21), n° 5, mai 2004, p.110-112
Guénolé F, Domenech P , Garma L, Nicolas A (2008) Sommeil et schizophrénie : une revue des données expérimentales, in Médecine du sommeil 5 (17) ·
Poulin Julie 2009 Le sommeil des personnes atteintes de schizophrénie : résultats d’études par questionnaire, polysomnographie et analyse spectrale de l’EEG en sommeil paradoxal, Thèses et mémoires électroniques de l’Université de Montréal [14749] Faculté de médecine – Thèses et mémoires [3524]
Godbout R, Lusignan F.A (2016) Le sommeil et les rêves dans la schizophrénie, Santé mentale 205, p. 37-42
Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques